Je viens de finir le dernier Patrick Chamoiseau, intitulé Les neuf Consciences du Malfini. J'attends chaque nouveau livre du Cham avec une impatience non feinte, depuis le choc initial de Texaco. Je l'ai donc acheté les yeux fermés lorsqu'il est sorti il y a quelque temps. Déjà, le pitch me plaisait bien : un malfini atterrit dans le jardin du Cham, et commence à lui raconter sa rencontre avec un colibri... Alors, petite précision : en Guadeloupe, un malfini est une frégate, oiseau marin dont le plumage n'est pas étanche, bizarrement, et qui ne peut donc pas se mouiller mais doit quand même manger son poisson ! On l'appellerait "malfini" car sa queue est coupée en deux, mal finie (dixit la marchande de bokits du débarcadère de Grand Bourg à Marie-Galante). Mais visiblement, en Martinique, a pa menm biten menm bagay : le malfini est un petit rapace, une sorte de buse. Je ne sais pas comment on l'appelle en Guadeloupe.
Le dit malfini raconte donc sa rencontre avec Foufou, un colibri téméraire. A travers son observation de ce petit oiseau si particulier, le Malfini prend conscience de l'altérité, de sa propre insignifiance, de sa vanité. Cette observation l'amène aussi à réaliser que de nombreux changements se produisent sur Terre (le réchauffement climatique). A travers ce récit, c'est à toute une réflexion philosophique et écologique sur le vivant et sur l'autre que se livre Chamoiseau.
Malheureusement, je n'ai pas trop accroché à cette histoire... le style est moins flamboyant qu'auparavant, et je trouve que le récit tourne un peu en rond. Au début, on ne sait pas trop où il veut en venir, et une fois que l'on a compris, on se lasse un peu. Il y a tout de même quelques passages bien agréables :
"Loin de se décourager, le satrape de Rabuchon mit en oeuvre une telle entreprise de dénigrements que les colibris les plus inquiets, et donc les plus crédules, finirent par considérer Foufou comme l'archange du malheur. Il y eut de nombreux tombereux d'insultes que je ne fus pas en mesure de déchiffrer. Comparé à la langue divine de la famille des aigles, le langage des colibris est quelque peu sommaire. Je crus tout de même entendre que les plus excités l'accusaient d'être à l'origine de la mort lente qui ruinait Rabuchon, de prendre un plaisir honteux à outrager le corps de ses victimes. Ce ne furent plus seulement les colibris qui entreprirent de le poursuivre mais toutes qualités de bêtes-zorey, rates, zagayak, chenilles-trèfles, sucriers, merles, cicis, aigrettes, siffleurs, guêpes et abeilles rescapées, auxquels on pouvait ajouter quelques loques de fourmis-manioc, vers-coco, zandolis et consorts... Une coalition d'éclopés survivants se ligua contre lui. Elle bravait ses ripostes pour tenter de le frapper du bec, de l'aiguillon ou de la mandibule. Elle rêvait de lui infliger un vieux cocktail de leurs venins conjoints. Le petit maître devait passer plus de temps à repousser des agressions qu'à explorer le lourd mystère de la mort lente... C'en était révoltant de le voir s'évertuer malgré tout, sans rage, sans haine, sans amertume, avec juste son inflexible obstination opposée à leurs flots de bêtises..."
09 juin 2009
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1 commentaire:
Ah ouais, c'est loin d'être tranquille, la vie d'un colibri !
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