13 mai 2010

La Désirade

En fin de semaine dernière, je suis allé passer quatre jours à la Désirade afin de me reposer. Finalement, depuis le temps que je le voulais, j'ai pu me rendre sur cette île, dépendance de la Guadeloupe au même titre que les Saintes ou Marie-Galante (code postal, 97127). Je rappelle donc que la Guadeloupe est un archipel composé de six îles habitées (la Martinique n'est composée que d'une seule île). Je n'y étais encore jamais allé et ce, pour plusieurs raisons : il faut conduire jusqu'à Saint-François pour prendre le bateau (1h30 de route depuis chez moi...), et la traversée de 45 minutes est réputée pour être très mouvementée !

La Désirade se trouve à l'est de la Grande-Terre. D'un point de vue géographique, l'île est très particulière. Il s'agit, grosso modo, d'un plateau calcaire de 11 km de long sur 2 de large s'étalant d'est en ouest avec une plaine littorale où se concentrent les habitations au sud, et des falaises abruptes au nord. Il y a une seule route traversant les quatre sections (d'ouest en est : les Galets, Beauséjour, le Souffleur et Baie-Mahault (oui, comme sur la Basse-Terre !)) et une piste sur le plateau, seulement praticable en 4x4 (moi, j'avais une 106 bringuebalante.... c'est costaud les 106... ça peut aller partout...). Les habitants se chiffrent à 1700 environ. Bref, on ne se marche pas dessus, il n'y a pas beaucoup de touristes, et l'île est très tranquille et reposante.

Historiquement, l'île fut découverte par Colomb (encore lui !) en novembre 1493, juste avant d'arriver en Guadeloupe proprement dite, lors de son deuxième voyage. Il lui a donné le nom de Deseada car c'est la première terre abordée par son équipage, terre tant désirée. L'implantation humaine fut tardive (enfin, européenne, car il y avait des Caraïbes qui, encore une fois, n'avaient rien demandé à personne -comme les Arawaks, massacrés par les Caraïbes, n'avaient rien demandé à personne eux non plus... enfin bref). Ce n'est que vers 1728 que nous avons la première attestation de peuplement européen : les Français (encore eux !) s'installent et commencent à développer la culture du coton. Vu la sécheresse de l'île, les plantations agricoles n'ont jamais vraiment dépassé le stade de l'économie de subsistance. L'élevage a lui aussi débuté à cette période.

L'île a aussi servi de terre de relégation pour deux catégories de personnes :
1) Les lépreux des Antilles ; il y a encore quelques ruines de l'ancienne léproserie dans la section de Baie-Mahault, ouverte en 1728 et fermée en... 1954 !
2) Les jeunes gens exilés de métropole car "tombés dans des cas de dérangement de conduite capables d'exposer l'honneur et la tranquillité des familles" !

La population s'est donc composée d'esclaves noirs et de blancs (principalement des commerçants, petits propriétaires et marins). Le métissage a été tardif.

Le voyage en bateau s'est bien passé : la météo marine de la veille annonçait une mer calme, et en partant de chez moi, j'ai jeté un œil au canal des Saintes qui était effectivement calme.

J'avais loué un gîte dans la section du Souffleur, car c'est là que se situe la plus belle plage de l'île, la plage du Souffleur. Voici une photo de mon gîte et de la vue dont je disposais depuis la terrasse.

Il n'y a donc pas grand chose à voir ni à faire... Je suis tout d'abord allé faire un tour sur la fameuse plage du Souffleur, magnifique et presque déserte.

Je suis allé ensuite sur les hauteurs, voir la chapelle Notre-Dame-du-Calvaire et profiter du point de vue sur la côte, la caye et le lagon.

Puis, un petit tour dans le bourg de Beauséjour, notamment de la place principale : la place du maire mendiant (référence au maire de 1928 qui a fait tout ce qu'il a pu pour rassembler des fonds afin de reconstruire l'île après le cyclone de la même année). Voici quelques photos, avec l'église et la maquette de bateau qui est sortie tous les ans pour la fête patronale du 16 août et promenée dans la ville.

Tout à côté de l'embarcadère de Beauséjour, se trouve la plage de l'Anse à Fifi, elle aussi magnifique et elle aussi déserte.

A la sortie du bourg, en allant vers l'ouest et la section des Galets, se trouve un intéressant cimetière marin, avec des tombes très humbles, décorées par des conques de lambis.

Après la section des Galets, se trouve l'extrémité ouest de l'île, la Pointe des Colibris. S'y trouve une croix faisant écho à celle de la Pointe des Châteaux en Guadeloupe, que l'on peut voir de ce point.

Ci-dessous, la Désirade vue depuis la Pointe des Colibris. On voit bien ce plateau qui tombe soudainement...

Partons à présent à l'extrémité est de l'île ! Eh oui, la géographie longitudinale est très particulière... Passée la section de Baie-Mahault (où se trouvent quelques ruines de l'ancienne léproserie ne présentant aucun intérêt pictural), on arrive dans la rase campagne. Rase à plus d'un titre : il n'y rien, pas d'habitation, et la végétation est plus que rase, soumise à la force de l'alizé et des embruns de l'Atlantique... De l'autre côté de l'Océan, l'Afrique...
Seuls quelques cabris tondent une maigre pelouse qui, tout comme les Arawaks et les Caraïbes, n'a rien demandé à personne !

On peut tout de même voir trois monuments notables : une ancienne cotonnerie, un phare abandonné (pour l'anecdote croustillante, dans la maison jouxtant le phare -certainement l'ancienne maison du gardien- j'ai trouvé un cadavre de cabri tout frais ! hum...) et une station météorologique abandonnée (sans cadavre de météorologue). Ci-dessous, respectivement dans l'ordre sus-dit.

Pour finir, j'ai tenté l'aventure sur la route (enfin, la piste) du plateau de la montagne, parallèle à la route côtière. Comme je l'ai précisé précédemment, il vaut mieux avoir un 4x4 (a good SUV, man !). Mais Peugeot est décidément un excellent constructeur, car ma 106 de location a fait des merveilles. Bon, apparemment, j'ai fait la piste dans le bon sens (d'est en ouest), car dans l'autre sens, d'après ce que j'ai pu en juger, ça avait l'air moins jouable... La prochaine fois, je serai moins pingre, je mettrai ces 15€/jour en plus pour un 4x4, ok, ok... En tout cas, c'était assez "yee-ha" comme expérience. La route traverse donc la campagne sans réel point de vue. Elle passe à proximité des champs d'éoliennes (il y a plusieurs champs d'éoliennes sur le plateau, fournissant une bonne part de l'électricité de l'île -si ce n'est pas la totalité). De ce périple en brousse, j'ai ramené deux films, documentaires exceptionnels. Le premier montre la côte de la Désirade depuis le point de vue du champ d'éoliennes du Souffleur, le second montre ces dites éoliennes, moins impressionnantes qu'en réalité, il est vrai. Enjoy.

Caye Désirade from Matt on Vimeo.


Eoliennes from Matt on Vimeo.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous avons de bons souvenirs de la Désirade (une journée)! Merci pour ce petit rappel...

So, Lou et Fab.

Emrik a dit…

Et d'après toi, pourquoi t'avons-nous exilé sur ces îles lointaines ?
1) tu es un lépreux ;
2) tu étais tombé dans un cas de dérangement de conduite capable d'exposer l'honneur et la tranquillité de notre famille ;
3) les deux !

Carl Hosgone a dit…

Ils t'ont payé combien Peugeot, pour que tu leur fasses une pub gratuite et éhontée ?

L'équarisseur de Montargis a dit…

T'as pas une photo du cadavre de cabri ?

Matt a dit…

Comme le dirait le présentateur de "qui veut gagner d'l'argent en mâsse" : "la réponse D..."

Matt a dit…

Un nombre à 6 chiffres...

Matt a dit…

Bah non, y'avait trop de mouches et ça daubait trop...

May a dit…

The people looking for St. Barts and took a wrong turn would be sorely disappointed, no?

Anonyme a dit…

Il semble que vous soyez un expert dans ce domaine, vos remarques sont tres interessantes, merci.

- Daniel