23 février 2009

Un poquito de literatura colombiana

En effet, je viens de finir Cent Ans de solitude (Cien años de soledad) du Colombien Gabriel Garcia Marquez. Vous savez, la Colombie, ce pays d'Amérique du Sud connu pour ses narco-trafiquants, ses chanteuses sexy (et thésardes à l'Université de Provence... enfin, j'me comprends...) et ses footballeurs chevelus et géniaux ?

Marquez est en effet un grand écrivain de ce que l'on appelle la Colombie Caribéenne, puisqu'il est originaire d'un village de la côte caraïbe de ce pays. Alors, on m'avait dit le plus grand bien de ce livre, et j'avais déjà lu et apprécié L'Amour aux temps du choléra. Et autant vous dire que j'ai été plutôt déçu... En gros, c'est l'histoire d'une famille colombienne établie dans un petit village (fondé par un membre de cette famille). Je n'ai pas vraiment accroché à cette histoire trans-générationnelle emberlificotée et sans réel fil conducteur. Les personnages, très nombreux et portant le même nom de père en fils, ne sont pas du tout intéressants ni attachants (voire creux...), l'histoire n'a rien de passionnant, et je n'ai pas vraiment perçu ce que voulait exprimer l'auteur en filigrane. Alors, comme d'habitude pour ce genre de récit, le texte accroche de la quatrième de couverture insiste sur le souffle épique et sur l'aspect "livre somme" de l'ouvrage (et là, on croit que tout est dit !).

Il y a, cela dit, quelques pages savoureuses ou poétiques, comme celles sur la maladie de la perte de mémoire, ou celle sur l'éternel duel homme/cafard.

21 février 2009

Le Papillon et Terre d'avenir


A travers ce titre énigmatique se cachent en fait les noms de deux magazines que je lis régulièrement depuis que je suis en Guadeloupe. Je ne connais pas vraiment la genèse de ces publications, toujours est-il qu'à l'heure actuelle, ces deux magazines sont imprimés ensemble (Le Papillon, suivi de Terre d'avenir) et sont distribués gratuitement dans les offices de tourisme, les clubs de plongée... Ainsi, Terre d'avenir commence à la page 35 (et Le Papillon finit à la page 34 ! Vous me suivez ?)

Le Papillon est un magazine culturel et traite de tout événement se déroulant en Guadeloupe. Terre d'avenir, quant à lui, est le magazine de l'écologie en Guadeloupe (quelque chose qui me tient particulièrement à coeur). Ces magazines sortent donc ensemble tous les deux mois. Il n'est pas toujours facile de se les procurer en version papier (et en plus, ce n'est pas très écologique, même s'ils sont entièrement faits de manière recyclable et durable), mais heureusement, tous les deux sont téléchargeables sur leur site internet respectif.

http://www.papillon-guadeloupe.com/

http://www.terredavenir.org/

Sur ces pages, vous pouvez télécharger les derniers numéros (le 19 du Papillon, le 29 de Terre d'avenir).

Allez y jeter un coup d'oeil, certains articles sont fort intéressants. Notamment celui sur les éoliennes dans Terre d'avenir.

17 février 2009

De l'oisiveté

La grève générale c'est aussi ça, des journées comme aujourd'hui...

Le matin à la plage, et l'après-midi à regarder passer les bateaux dans le canal des Saintes, ainsi qu'un couple d'oiseaux facétieux (un père noir et sa compagne -celui qui mangeait nos bananes??) construire son nid sur ma parabole canalsat, avec un bon cigare (tout ça en même temps demande une certaine maîtrise de l'oisiveté, ce qui n'est pas à la portée du premier venu...).



Comme quoi, le bonheur tient à peu de choses... Merci au LKP de nous permettre de profiter des choses essentielles de la vie comme ça.

On ti mizopwen istorik

Une petite mise au point historique sur les békés par un béké... J'ai en effet reçu ce texte par un email "forwardé" (j'adore ce mot..) par une amie/collègue historienne. La famille de Jaham (békés de Martinique) me semble être plus ouverte que les autres. Voici ce qu'a expliqué un de ses membres.


Arrêtons en effet ces luttes raciales, nous sommes tous martiniquais et fiers de l'être, car en effet nos ancêtres viennent de partout et de tous les niveaux sociaux-culturels, et ce n'est pas parce qu'un vieux béké se permet de parler comme au temps des nazis qu'il faut mettre tous les békés dans le même sac, il ne faut jamais perdre la raison même dans le pire, il ne faut pas profiter d'évènements graves pour semer la discorde.

Les petits souffrent en ce moment, un Bernard Hayot peut sans doute supporter des mois de grève, mais pas les petites entreprises, dont beaucoup ne se relèveront pas.

A méditer : faut-il que les békés se promènent avec un "manicou jaune" cousu sur le côté gauche de leur veste ?

Dominique de JAHAM-LOMBARD

Au cours du reportage consacré aux Békés martiniquais par la chaîne française CANAL +, on a pu entendre, entre autres insanités, de la bouche de M. Alain Huyghes-Despointes, la phrase suivante :

« En 1635, des nobles français colonisent l’île de la Martinique… »

Il y aurait de quoi rire, si cela ne révélait pas l’incroyable inculture, mêlée de duplicité, des « derniers maîtres de la Martinique ». En effet, il est bon de rappeler la composition des premiers colons :

. 60% de paysans venus du fin fond des provinces du Nord-Ouest de la France (Vendée, Normandie, Poitou, Bretagne etc.) qui étaient employés comme « engagés » ou « 36 mois » par quelques grands planteurs et qui travaillaient sur les « habitations » aux côtés des esclaves noirs. S’ils parvenaient à survivre au bout de leur période d’engagement, ils se voyaient octroyer un bout de terrain pour devenir propriétaires à leur tour. En 1635, au 17è siècle donc, l’école gratuite, laïque et obligatoire n’existait pas encore (ce sera le cas 2 siècles plus tard), donc la quasi-totalité de ces paysans est analphabète et parle les dialectes d’oïl (normand, poitevin, vendéen etc…).

. 30% de repris de justice, de malandrins, de hors-la-loi, bref de gens qui n’ont rien à perdre et qui sont prêts à tenter l’aventure vers l’Amérique afin de se refaire une nouvelle vie. Beaucoup d’entre ces gens de sac et de corde étaient d’ailleurs expulsés vers les colonies afin de purger le Royaume de France de ses impuretés.

. 10% de cadets de famille, c’est-à-dire de fils de nobles qui, dans le droit d’Ancien régime, ne pouvait bénéficier d’aucune part de l’héritage de leur père (cet héritage revenant tout entier à l’aîné) et qui n’ayant aucune perspective en France, tentaient eux aussi de se construire une vie meilleure par-delà l’Atlantique.

Autrement dit, contrairement à ce qu’affirme Alain Huyghes-Despointes, seule une infime minorité des Békés est d’origine noble. Tous les historiens sont d’accord là-dessus. Il suffit de lire le monumental travail de Petit-Jean-Roget (Béké lui-même), « La société d’Habitation à la Martinique—1635-1665 » ou encore Sydney Daney, Gabriel Debien ou Paul Butel pour se rendre compte que l’origine noble de nos actuels Békés relève de la pure fable. Et il ne faut pas se laisser tromper par la particule que beaucoup d’entre eux arborent : au 17è siècle, un Jean Martin, originaire du village appelé « La Garrigue », par exemple, se faisait appeler « Jean Martin de La Garrigue ». C’était courant, banal même, Et surtout ça n’indiquait aucune origine noble !

S’agissant des femmes békées, les choses sont encore moins reluisantes. A l’époque, les voyages vers l’Amérique sont longs (1 mois et demi), difficiles (cyclones) et surtout dangereux (pirates). De plus, ce continent inconnu a une mauvaise image : en Europe, elle est vue comme une terre sauvage, étrange, où vivent des « hommes à deux têtes » (sic) et qui n’a qu’un seul intérêt, celui de posséder de l’or. Le colon européen va donc aux Amériques pour essayer de s’enrichir au plus vite afin de retourner vivre en nabab dans le seul lieu où, selon lui, s’épanouit la Civilisation avec un grand « C », à savoir l’Europe. Le colon n’était pas venu fonder une nouvelle civilisation en Amérique ni planter la canne à sucre, le coton ou le café. Cela s’est fait par hasard. Jusqu’au 19è siècle, cette obsession du retour en Europe perdurera chez les Békés, soit plus de 2 siècles après leur installation aux îles ! Il n’y a qu’à lire pour s’en convaincre les « Mémoires d’un colon à la Martinique » du Béké Pierres Dessales, propriétaire de l’habitation Nouvelle Cité, à Sainte-Marie. Il passera sa vie à essayer de gagner suffisamment pour se réinstaller en France, chose qu’il fera pour sa famille, lui demeurant seul sur son habitation des années durant ! Et se lamentant sans arrêt de devoir vivre dans ce « maudit pays » !!!

Donc, au 17è siècle, début de la colonisation, très peu de femmes blanches émigraient vers ces « isles » mal connues et réputées dangereuses qu’étaient les Antilles. A tel point que les premiers colons sont obligés d’avoir recours aux Caraïbesses (femmes caraïbes) et quand ce peuple sera exterminé, aux femmes noires. Beaucoup de colons assiégeaient littéralement le cardinal Richelieu, premier ministre de l’époque, de lettres suppliantes : « Envoyez-nous des femmes ! ». Il y allait, en effet, de la perduration des établissements français aux Antilles, médiocrement rentables à cause du manque d’or. Alors Richelieu ordonna à sa maréchaussée de razzier des péripatéticiennes sur les quais de Nantes, de La Rochelle et de Bordeaux afin de les envoyer de force aux Antilles. Et quand leur nombre n’était pas suffisant, cette maréchaussée kidnappait des jeunes filles de quatorze-quinze ans (des enfants abandonnés donc) pour les expédier aux colons. S’il y eut donc 10% de nobles parmi les hommes colons, il y en eut…0% s’agissant des femmes colons. Aucune femme d’un certain rang - et surtout pas noble - n’aurait pris le risque, en ce 17è siècle, de partir à l’inconnu, à bord de bateaux peu fiables et dont les équipages étaient composés de rustres et de ruffians. Ce n’est que lorsque le miracle de la canne à sucre se produira, vers 1660-70, enrichissant brutalement les colons (qui deviennent dès lors « Békés ») ainsi que les grands ports de la métropole française, que le « Code Noir » interdira les unions - et même les relations sexuelles - entre Blancs et Noirs. Avant 1685, beaucoup de Blancs concubinaient avec des négresses et même se mariaient parfois (on a retrouvé des actes de mariage de ce type dans des archives paroissiales).

Monsieur Alain Hughes-Despointes réécrit donc l’histoire, comme le font d’ailleurs, nombre de Békés, afin de tenter d’effacer ces origines peu reluisantes.

C’est à la fois ridicule et pathétique. Ridicule parce qu’il n’y a aucune honte, quand on est Antillais, à avoir des origines peu reluisantes. C’est le cas de toutes les populations qui sont venues s’installer dans les îles ou qui y ont été emmenées de force. De même que 90% des Békés descendent de serfs et de putes, la grande majorité des esclaves noirs n’étaient pas des fils de rois, ni les Indiens (dits « Coulis ») des fils de Maharadjah, ni les Chinois fils d’empereurs, ni les Syriens fils de cheicks. Personne n’émigre de gaieté de cœur ! Surtout à l’époque où les voyages étaient très longs et où on ne disposait d’aucun moyen (téléphone, télévision, Internat etc…) de garder le contact avec sa terre natale. Partir était le plus souvent un voyage sans retour.

Les Noirs antillais descendent pour beaucoup de gens qui étaient déjà esclaves ou prisonniers de guerre en Afrique. On connaît le rôle sinistre d’intermédiaire joué dans la Traite par maints roitelets de la côte occidentale de l’Afrique. Il y a pu avoir, ici et là, un roi ou deux-trois nobles vaincus qui ont dû faire partie des « bois d’ébène », mais ce n’était pas très fréquent. Quand aux Indiens, ils descendent pour la plupart des « Intouchables », ces hors-castes qui, jusqu’à aujourd’hui, sont considérés comme la lie de la société indienne. Pourquoi un fils de Maharadjah abandonnerait-il ses épouses, ses serviteurs et son palais pour s’en aller couper la canne à sucre aux Antilles ? Pareil pour les Chinois. Il n’y eut guère qu’un seul Mandarin parmi ceux qui sont arrivés à la Martinique ! Et c’est parce qu’il avait été embauché comme interprète. Tous les autres étaient déjà des « Coolees » à Canton ou à Shanghai, c’est-à-dire des gens taillables et corvéables à merci. Quand aux Syro-libanais, ils ont fui leur pays à cause des guerres claniques qui s’y déroulaient, de la misère et de la colonisation franco-britannique.

Aucun Antillais (blanc, noir, indien, chinois ou syro-libanais) ne saurait donc se targuer d’une quelconque noblesse. Nous sommes tous les fils et filles de repris de justice, de bannis, de réprouvés, d’esclaves ou de fugitifs. Et quand aux métis (mulâtres, chaben etc…), ils sont le fruit de l’union de ces mêmes réprouvés, esclaves et fugitifs et donc sont des bâtards à la puissance 2.

Assumons notre bâtardise commune, messieurs les Békés, et tentons de rebâtir ensemble une société débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme et du préjugé racial !



Bon, cela dit, ça n'empêche pas que ce sont eux qui "confisquent" tous les pouvoirs économiques, à défaut des pouvoirs politiques... Mais je suis assez d'accord avec lui, il faut changer un certain nombre de choses, mais ne gâchons pas le creuset multi-culturel que représentent les Antilles.

15 février 2009

Nou pli fô


Depuis quelques jours, un nouveau clip musical passe à la télé. Il ne s'agit pas d'une quelconque chanson, mais d'une campagne de pub pour lutter contre le sida (la Guadeloupe est un des départements les plus touchés par le sida). Cette campagne avait déjà commencé il y a plusieurs mois avec des pages énigmatiques dans les journaux. Maintenant, le clip passe à la télé, aux heures de grande écoute, soit en entier, soit par extraits. La chanson est pas mal, avec mon pote Jacob.





Ce clip n'est pas sans me rappeler un autre clip qui passait à la télé il y a à peu près un an, cette fois-ci pour le port du préservatif. Là, je trouvais que la chanson était carrément excellente, avec un des membres des Nèg Marrons, et la jolie Cindy Minatchy en guest-star. Pour le coup, cette chanson avait vraiment cartonné.

12 février 2009

Séance de rattrapage

Pour tous ceux qui auraient raté ce reportage passé sur Canal + le 30 janvier (et le 06 février aux Antilles), voici la vidéo intégrale (la qualité n'est pas terrible, mais c'est tout ce que j'ai trouvé...). Il s'intitule Les derniers maîtres de la Martinique, et nous expose donc le monde des békés, descendants d'esclavagistes qui tiennent encore l'économie de la Martinique. Comme le précise le reportage, le problème est légèrement différent en Guadeloupe. Il faut savoir que pendant la Terreur (suite à la Révolution), la guillotine était présente en Guadeloupe, Place de la Victoire à PAP, amenée par Victor Hugues. Beaucoup de nobles békés de Guadeloupe ont donc été décapités, et d'autres sont partis en Martinique... Eh oui, car pressentant le fil de la lame sur leur cou, les békés de la Martinique s'étaient vendus aux Anglais, eux et leur île. La Martinique était anglaise entre 1794 et 1815 ! La guillotine n'est donc jamais entrée en Martinique, et la caste béké a pu se maintenir.

Cela dit, de nombreux békés de Martinique sont ensuite allés en Guadeloupe, et de nos jours, les grandes entreprises de Guadeloupe sont tenues par des békés... de Martinique !

http://www.megavideo.com/?v=1Q1M01NV

Traitement de la crise en Guadeloupe par le gouvernement...


01 février 2009

Etre en phasme avec soi-même

En voulant passer le balai sur la terrasse, j'ai vu une brindille collée sur le manche. J'ai voulu l'enlever, et quelle ne fut pas ma surprise de voir que la brindille bougeait et s'accrochait à mes doigts ! La première "frayeur" passée, j'ai vu qu'il s'agissait d'un phasme... je sais qu'il y en a beaucoup en Guadeloupe, mais ils ne sont pas faciles à apercevoir ! Posé sur un manche de balai rouge, je ne m'étais même pas aperçu de la supercherie ! Allez, un petit film dans lequel j'embête notre ami le phasme...