L’élu de ce confetti sans chômeurs mise sur le boom du tourisme et du BTP. Avec des pratiques parfois musclées. Reportage sur une île des Antilles à la richesse très convoitée...
La plus extravagante fête du Nouvel An 2012 a coûté 5 millions d’euros.
L’oligarque Roman Abramovitch avait invité 400 people à Saint-Barth,
dont Rupert Murdoch, George Lucas, Marc Jacobs, le tycoon d’Hollywood
Harvey Weinstein, le roi du hip-hop Russell Simmons et le rocker Jon Bon
Jovi. Au menu : sushis de langouste, canapés au caviar et concert privé
des Red Hot Chili Peppers. Bruno Magras, le président de la
collectivité, était bien sûr convié à la party. N’a-t-il pas nommé
Abramovitch «citoyen d’honneur» de l’île ? Le milliardaire russe a en
effet payé la pelouse du stade et il entretient le buzz en invitant à
Saint-Barth des aréopages de stars. Pourtant, le paradis bling bling qui
fait le bonheur des touristes fortunés ne garantit plus celui de ses
9.000 habitants. Certains affichent même une mine chagrine sous leur
éternel bronzage.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Bruno Magras, il y a dix-sept ans,
Saint-Barth a connu un développement fulgurant. Sous son règne, le
nombre d’habitants a presque doublé, les collines se sont couvertes de
maisons, les routes ont été refaites, le port et l’aéroport rénovés…
Chantier permanent, l’île découvre les embouteillages, les mégots sur
les plages et les cambriolages. «L’esprit Saint-Barth», fait de
gentillesse et de décontraction, a du plomb dans l’aile. Autre évolution
fâcheuse : depuis 2008, la crise et le cours élevé de l’euro incitent
les Américains (qui réservent 80% des séjours) à demander des ristournes
sur la location des villas et à limiter leurs sorties et achats.
Quelques poignées de Russes, de Brésiliens et de grossistes du Sentier
suffisent à peine à compenser. Signe inquiétant : après avoir triplé en
dix ans, les prix de l’immobilier baissent depuis 2009.