14 février 2011

Dans la ville des veuves intrépides

Une amie m'a prêté ce livre que je viens tout juste de terminer. Je ne connaissais absolument pas son auteur, James Cañon, un Colombien installé à Barcelone, ayant fait ses études aux Etats-Unis et écrivant en anglais. Je savais juste (d'après cette amie et la quatrième de couverture) qu'il s'inscrivait dans la lignée de Gabriel Garcia Marquez, dont j'avais déjà lu plusieurs livres.

Et cet opus est en effet un savant mélange entre réalisme cru (comme de nombreux romans espagnols ou sud-américains) et poésie magique. Il s'agit de l'histoire d'un village qui se retrouve vidé de ses hommes du jour au lendemain, suite à l'arrivée de guérilleros qui les recrutent de force pour faire la révolution et prendre le maquis. Après un temps de prostration passé à ne rien faire, les "veuves" (puisque les femmes du village comprennent que leurs hommes ne reviendront certainement jamais) élisent une maire et commencent à s'organiser pour faire subsister le village vaille que vaille, et fonder une sorte d'utopie féminine. Le livre est ainsi découpé en 14 chapitres, chacun présentant une histoire à propos d'un des personnages. On pourrait presque voir un recueil de nouvelles dans cette structure très agréable à lire. Les chapitres s'enchaînent, développant les personnages principaux, leur passé, la manière dont ils considèrent cette nouvelle situation, leur façon de vivre, tout en tissant en même temps un véritable ensemble cohérent. Bref, je ne me suis pas ennuyé une seule minute !

Un petit extrait tout de suite.

"Le lendemain matin du jour où les coqs cessèrent de chanter, Rosalba se précipita hors de chez elle pour enquêter sur le temps. Elle portait sa robe du dimanche, qui, après tant de dimanches, n'était plus blanche comme lait mais jaune pâle et effrangée aux manches. Il s'était passé tant de choses récemment qu'elle ne savait plus très bien combien de jours ou de nuits s'étaient écoulés, et s'habiller pour un dimanche lui semblait correct. Elle avait choisi de rester fidèle à la méthode conventionnelle de calcul des jours et des nuits, car elle avait le sentiment qu'il était de sa responsabilité d'enregistrer les événements au moins d'après la couleur du ciel. Un chien blanc qui se grattait les puces au milieu de la rue principale sembla la conforter dans sa conviction que tout allait bien à Mariquita. Alors, qu'est-ce que ça pouvait donc faire que ces stupides coqs ne veuillent pas chanter ? pensait-elle en arpentant les rues. Si nous avons appris à vivre sans hommes, nous pouvons apprendre à vivre sans coqs. A cet instant, elle aperçut une femme nue qui courait vers elle."

2 commentaires:

S'il viaut berre luce conille a dit…

Un village rempli de femmes ! Hmmm...

Anonyme a dit…

Un truc qui n'a rien à voir ...
M. R n'était pas déguisé en pastèque mais en avocat !!
Je me demande si on va deviner en quoi tu seras déguisé samedi ...