25 janvier 2009

i pa bon menm pou Gwadloup...

Je n'avais pas trop envie d'écrire à propos de la grève générale qui sévit en Guadeloupe depuis une semaine, je me disais : "A pa biten an mwen, sé biten a pèp Gwadloup". Mais face à la tournure des événements, il me faut un exutoire. Et en plus, je vis ici depuis quelques années maintenant, je suis donc pas mal concerné !

Alors, pour ceux qui ne vivraient pas en Guadeloupe et qui ne seraient pas trop au courant (j'ai vu des sujets dans le Soir 3, mais je ne sais pas pour les autres JT ni pour la presse écrite... cela dit, c'est très parlant : on a attendu 4 jours pour voir un sujet au JT national... combien de temps aurait-on attendu pour voir un sujet au national si un département de métropole avait été entièrement bloqué ??), je vais succinctement résumer la situation. En gros, un collectif (le kolektif liyannaj kont pwofitasyon) rassemblant l'ensemble des syndicats (même ceux de l'éducation), des associations et des partis politiques d'extrême gauche, proteste contre la vie chère. Ce qui n'est pas condamnable, à la base. Il est vrai que la vie est chère ici, et que le tout importé n'explique pas tout (il y a des abus et des monopoles scandaleux...). Ce collectif a donc décidé de faire une grève reconductible à partir de mardi dernier, et a déposé un ensemble de 123 revendications (oui, oui !) à faire discuter par le gouvernement, le patronnat et les collectivités locales. La plupart des revendications sont légitimes (baisse des prix), certaines sont utopiques et impossibles à accorder (augmentation du salaire minimum), d'autres sont purement scandaleuses (réhabilitation et indemnisation des chauffeurs de transports en commun clandestins -les transports en commun se sont mieux organisé depuis un an et demi car avant c'était n'importe quoi sans autorisation-). Le problème, c'est que la méthode est inadaptée. Ok pour les revendications, ça peut aider les foyers les plus pauvres, et même les autres. Ok pour une grève, c'est un droit que je ne renierais en aucune façon. Mais bloquer toute l'île depuis lundi (les stations service sont fermées, donc les gens ne roulent plus, ne vont plus au boulot, les écoles sont fermées, les transports en commun arrêtés, les manifestations culturelles et sportives reportées...), je ne suis pas sûr que ce soit très intelligent. Il y a moyen de se faire entendre autrement que d'obliger les commerces à fermer sous prétexte de solidarité !

Il faut savoir que ce collectif est "dirigé" par un syndicat, l'UGTG, connu pour prôner systématiquement le blocage, et pour ses positions radicales (ils ne parlent qu'en kréyol...). Des extrémistes, quoi. Et c'est le syndicat majoritaire dans les entreprises, et au conseil des prud'hommes... Je ne mets pas en doute leur volonté d'agir pour le bien du peuple guadeloupéen. Mais leurs méthodes, si. Alors, ils nous ressortent la vieille antienne rebattue du peuple guadeloupéen colonisé etc... Ils vont se réclamer de Césaire alors qu'ils n'y ont rien compris ! Le peuple guadeloupéen, colonisé ? Je ne vois pas un semblant de ressemblance entre la situation actuelle des Guadeloupéens (la Guadeloupe n'est plus une colonie mais un département français depuis 1946) et celle des Algériens avant 1962. Ou même avec celle des Polynésiens et des Néo-Calédoniens qui, eux, peuvent se dire "colonisés". Ce syndicat, et donc le collectif qui le suit, veut ne plus être "colonisé", et demande en même temps une hausse des aides de l'Etat ! Ou comment être prisonnier de sa rhétorique malsaine et en devenir paradoxal...

Le collectif oeuvre donc pour améliorer le sort des Guadeloupéens. Résultats visibles de cette grève : beaucoup d'agriculteurs gardent des tonnes de fruits et légumes invendus (ben oui, les commerces sont fermés...), les entreprises annoncent des plans sociaux (mises au chômage technique) pour éponger les pertes subies, les touristes écourtent leur séjour (nous sommes en pleine période touristique, et ça commençait pas mal d'après le comité de l'office de tourisme des îles de Guadeloupe -qui a fait un excellent boulot depuis quelques années, et qui voit tout réduit à néant par des irresponsables) car ils ne peuvent plus circuler ni s'alimenter, les futurs touristes annulent leurs réservations (on est sur 30 % d'annulations cette semaine d'après le représentant des hôteliers...). Plusieurs paquebots de croisière ont annulé leur escale en Guadeloupe : perte estimée pour les commerçants, 250 000 euros. Après tout ce qui a été fait pour relever le tourisme de croisière moribond au début des années 2000.

Donc, voilà, le collectif oeuvre pour améliorer le sort des Guadeloupéens. Alors, d'après eux, le mouvement est populaire (ben oui, le vulgus pecum approuve un mouvement qui veut lui donner plus d'argent...). Mais en fait, de nombreuses personnes qui veulent travailler et éviter tous ces blocages ne le soutiennent pas autant que ça (sur les idées, peut-être, pas sur les moyens utilisés). J'en veux pour preuve ces riverains de la cité Matéliane à Goyave qui s'en sont pris à des grévistes rassemblés dans leur quartier, parce qu'ils en avaient marre ("nou ni mar !").

En ce qui concerne les négociations, tout le monde a enfin réussi à s'asseoir autour d'une table cet après-midi -après 5 jours de grève totale, quand même... Mais cela a capoté. Rebelote demain. Mais comme dirait Victorin Lurel, président du Conseil Régional, si il faut 5 jours pour s'asseoir autour de la table, combien pour discuter des 123 points de revendication ?

J'aimerais, pour finir ce post, publier la lettre d'Ernest Pépin, éminent écrivain guadeloupéen. Il tient un blog sur un site intenet. C'est le seul intellectuel qui se soit exprimé à ce sujet, avec des interrogations profondes, et des propositions mûrement réfléchies. Tout ce petit monde devrait s'en inspirer... A bon entendeur.



Quelle leçon tirer de Barack Obama ?

Comme de nombreux Guadeloupéens, je suis fasciné par cet homme qui a réussi à faire entrer un noir à la maison blanche. Les commentaires élogieux pleuvent de partout. C’est l’état de grâce bien mérité. Pourtant une petite voix me souffle : et nous ?
Et nous guadeloupéens qu’avons-nous faits ? Que faisons-nous ? Que ferons-nous ?
Passé les brûlures de l’esclavage, passé les interminables débats sur l’identité, passés négritude et créolité, comment devons-nous aborder le XXIème siècle dans une perspective qui soit la notre.
Je ne renie aucune parcelle de mon passé et je suis solidaire de tous les combats que nous avons menés mais je voudrais me positionner résolument dans l’avenir.
Nous sommes un petit pays. Une petite lèche de terre peuplée seulement de 400.000 habitants et pour le moment nous sommes hors-jeu dans notre présent et presque condamné à quémander l’avenir à ceux qui nous gouvernent. Chacun y va de sa chanson, de son parcours, de ses rêves. C’est précisément cela qui nous manque : une chanson commune, un parcours commun, un rêve commun. Peut-être avons-nous besoin de savoir ce qu’est une société. Je veux dire une entité sociale, économique, politique, culturelle dont les rouages s’articulent dans un système cohérent et efficace.
Je constate que nous sommes une somme de revendications syndicales obsessionnellement tournées vers les questions salariales, le maintien des avantages acquis, la guerre contre le patronat etc. Et ceci nous condamne à des postures agressives ou impuissantes. Plus grave, agressives ET impuissantes. Ce ne sont pas les miettes lâchées ici ou là qui vont changer la donne en l’absence de tout projet viable.
Je constate que nous nous noyons dans le puits de la consommation. Les panneaux publicitaires fleurissent. Les voitures de luxe encombrent les routes. Les gadgets de toutes sortes tiennent lieu d’accès à la modernité. La modernité est un mot terrible. Cela fonctionne comme une machine à broyer le passé, la culture (reléguée au rang de tradition !), les manières de penser, de faire et de vivre. Nous voulons être en première classe sans nous soucier de la destination du train. Moi, j’ai envie de crier : construisons les rails, construisons le train, construisons la gare.
Nous avons le choix entre trois options.
Laisser rouler les choses au risque de se perdre.
Devenir indépendant au risque de s’appauvrir ;
Tenter une autonomie au risque de se faire gruger.
Il y a toujours un risque ! C’est là notre douleur et c’est là notre lâcheté.
En réalité, je crois qu’il faut reformuler un projet guadeloupéen en toute responsabilité et en toute lucidité.
Qu’est-ce à dire,
Définir (redéfinir) quelle peut-être notre fonction économique, sociale, politique et culturelle. Et surtout définir (redéfinir) notre relation à la France et à l’Europe pour sortir de l’assistanat (cette mendicité de droit) et de l’infantilisation (ce légitime impôt prélevé par les bailleurs de fonds). Il faut donc commencer par nous définir nous-mêmes en ayant le courage et l’humilité d’éviter les postures victimaires ou héroïques, les positions dogmatiques, les immobilités conservatrices, les impasses de l’idéologie et le suivisme soi-disant moderniste. Cela fait beaucoup de contraintes mais la lucidité est à ce prix.
Nous sommes, le plus souvent, de piètres chefs d’entreprise.
Nous sommes le plus souvent des petits tas d’égoïsmes et au mieux des petites bandes de corporatismes.
Nous sommes, le plus souvent, de mauvais maris, de mauvaises épouses et pour finir de mauvaises familles.
Nous sommes, le plus souvent, une société violente au niveau des individus et au niveau du collectif.
Nous sommes le plus souvent des viveurs au jour le jour, des jouisseurs inconséquents. Toutes les industries du loisir le savent : boite de nuit, sex-shop, déjeuner champêtre, hôtels, Midi-minuit. Etc.
Nous sommes le plus souvent des travailleurs toujours en grève, en congé, en dissidence, en ruse et en laxisme.
Nous sommes le plus souvent abonnés à la seule culture populaire, oublieux de la culture du monde et trop matérialiste pour comprendre qu’un poème, qu’un roman, qu’un tableau, qu’une chanson, qu’une pièce de théâtre, etc. ne sont ni des divertissements ni des exutoires mais des problématiques d’un autre possible de nous et du monde.
Nous sommes le plus souvent une insociété comme on dit une incivilité.
Et avec ça toujours empressé de nous comparer à la France comme si le monde entier, les seuls modèles, les repères absolus appartenaient à une France en crise depuis longtemps.
Nous regardons de haut la Caraïbe et nous ignorons les Amériques. C’est pourtant selon la formule consacrée notre environnement naturel. Alors que nous sommes si riches de l’argent des autres !
Il est de bon ton de dire qu’il ne faut pas diaboliser la Guadeloupe, qu’il ne faut pas se flageller et qu’il faut positiver. Toute critique est assimilé à une trahison ou à du vomi. Posons-nous la question qu’est-ce qui est positivable ?
Une jeunesse aux abois !
Des citoyens irresponsables !
Des personnes âgées de plus en plus isolées !
Un nombre grandissant d’exclus !
Un pouvoir local sans vision !
Des intellectuels bâillonnés par la proximité !
Des artistes impécunieux et subventionnés !
De grandes messes jubilatoires !
Une impuissance économique chronique !
Un tourisme impensé !
Des rapports de classe et de race viciés par le passé !
J’aime la Guadeloupe, mais je crois qu’il faut lui dire ses quatre vérités. Pas de presse capable de conscientiser ! Pas d’émissions éducatives et formatrices ! Une université trop extravertie. Un artisanat désuet. Une langue créole qui fout le camp ! Nous le disons entre nous, en petits comités. Nous le chuchotons mais nous avons honte de le crier en public. Comme dit Franky, c’est la vie en rose ! Césaire l’a écrit : « un paradis absurdement raté ». Maryse Condé l’a craché : la Guadeloupe n’est pas un paradis ! Et nous sommes là plein de rancœurs rancies, pleins de rêves non muris, admirateurs des autres, ébahis devant notre moindre prestation d’humanité, toujours dans la logique du rachat. Ah nos sportifs ! Au nom de quoi, le fait d’être guadeloupéen fait d’un exploit sportif un miracle ? A moins de douter de soi et d’estimer inconsciemment que nous n’avons pas droit à l’excellence.
Et c’est la première leçon que je tire d’Obama : le droit au droit à l’excellence.
La deuxième étant de casser, de répudier tous les discours qui obstruent l’horizon : la race, konplo a neg sé konplo a chien ! Nou sé neg ! Le fandtyou ! Cette moquerie permanente de tous ceux qui tentent, qui osent et même parfois qui font. Etc.… Cette mise en dérision de nous-mêmes !
La troisième étant de doter la Guadeloupe d’un vouloir collectif qui transcende les différences, les rancunes, les sottes compétitions, les querelles idéologiques, les xénophobies, les nombrilismes, les chauvinismes à bon marché.
La quatrième étant de miser sur l’intelligence, toutes les formes d’intelligence, pour élever le débat au-dessus des querelles de personnes.
La cinquième d’assumer notre histoire, toute notre histoire, par nous, pour nous, sans mendoyer une reconnaissance que nous ne nous octroyons pas très souvent. C’est de nous-mêmes, de notre énergie, de notre créativité, de nos talents, de nos forces, de notre rigueur, de notre respect pour nous-mêmes que viendra la reconnaissance et non de telles ou telles victoires plus symboliques que réelles.
Se déplacer à Washington pour dire « j’y étais ! » c’est bien. S’atteler au char de la Guadeloupe c’est mieux !
Obama est un homme qui a cru en son pays sans renier ses origines. C’est un homme qui a cru en la capacité de son pays à dépasser les frontières des pensées établies. C’est un homme qui a su faire croire en lui. C’est ce pari là qu’il faut gagner.
Si nous disons : « mon pays c’est la France ». Alors, il faut assumer et faire en sorte que la France change et on ne peut le faire sans les Français de l’hexagone.
Si nous disons « mon pays c’est la Guadeloupe colonisée ».Alors, il faut l’assumer et décoloniser la Guadeloupe en privilégiant les armes de la décolonisation de l’imaginaire, de l’économie, du culturel, du politique et du social. Il est inconséquent de prôner la décolonisation en jouant le jeu d’une surintégration parfaite et indolore.
Si nous disons « mon pays c’est la Guadeloupe autonome ». Alors il faudra l’assumer en se préparant à exercer un pouvoir local plus riche en compétences et désireux de développer une richesse guadeloupéenne.
Si nous ne disons rien, nous sommes coupables de nous croiser les bras devant une société qui se saborde (violences sexuelles, violences des jeunes contre les jeunes, violence des hommes contre les femmes, violences au sein des familles, violences sociales plus ou moins sournoises). Une société qui se cache derrière le paravent de la consommation. Une société de gestion ou de géreurs et non une société de l’entreprendre. Une société qui a mis en faillite les intellectuels de tous bords.
Une société en danger.
Oui, je dis bien en danger ! Pendant que nous nous livrons à des actes de cannibalisme (les uns à l’encontre des autres !), en l’absence de projet construit par nous et soutenu par nous, des forces agissantes décident pour nous, grignotent le territoire, contrôlent l’économie, décident pour nous ! Je ne parle pas de race, je parle de filières, de réseaux, d’organisations structurées, de puissances financières. Il suffit de regarder Jarry, d’aller à Continent, à Millénis etc. Combien de Guadeloupéens font partie du vrai jeu économique ? Nous ne sommes, à part quelques cas, que des sous-traitants et surtout des sous-gagnants.
Il est vrai que nous sommes soumis comme les autres aux durs effets de la mondialisation, que nos marges de manœuvres sont limitées et que nous sommes un petit marché.
Ceci nous exonère pas de penser, de nous organiser, de lutter dès lors que l’objectif est clair, accepté et positif. Quels objectifs pour l’art, l’économie, le social, le politique ? Comment les atteindre ? Avec quelle stratégie ? En clair comment (re)bâtir la Guadeloupe ?
Il me semble souhaitable d’arriver à commercialiser notre culture sans la prostituer, à exporter ses meilleures créations et surtout à nous nourrir d’elle. Pour le moins, faire entrer la notion de dépenses culturelles diversifiées dans les budgets des familles et des entreprises serait un grand progrès.
Il me semble souhaitable d’envisager un développement rentable de l’agriculture afin de pourvoir, le plus possible, à nos besoins et à ceux des marchés qu’il nous appartient de trouver à l’extérieur.
Il me semble souhaitable de repenser de fonds en comble l’industrie touristique. Je dis bien l’industrie en l’accompagnant des produits du soleil (maillots de bain, serviettes, lunettes de soleil, crème solaire, vêtements etc.) made in Guadeloupe ou labellisés « Guadeloupe ». C’était une idée de Paco Rabanne. Je doute qu’elle ait été entendue !
Il me semble souhaitable de rechercher les voies et moyens d’une solidarité active au sein de la société guadeloupéenne. Nous sommes si généreux envers le téléthon !
Il me semble souhaitable de croire au développement de la langue et de la culture créoles dans une perspective non folkloriste mais diplomatique (il existe un monde créolophone), économique et culturelle.
Il me semble enfin souhaitable que nos élus aillent se former non pas seulement à Paris mais aussi dans la Caraïbe. Ils connaîtraient mieux le fonctionnement des pays indépendants ou néo-colonisés. Ils seraient plus au fait des données de la diplomatie. Ils gagneraient en relations internationales. Ils créeraient d’utiles solidarités.
Mais tout cela n’est rien si nous ne répondons pas à la question suivante : quelle Guadeloupe voulons-nous ? Autrement dit avec quelles valeurs? Quel mode de fonctionnement ? Quel type de citoyens ? Quel système économique ? Quel budget ?
Ce sont des questions qui sont loin de l’élection d’Obama. Ce sont des questions auxquelles tout chef politique doit répondre de façon claire. La méfiance des Guadeloupéens envers les élus, parfois leur inertie apparente, résulte sans doute d’un manque de clarté, d’un manque de pédagogie, d’un manque de vouloir.
Je répète avec Obama l’histoire retiendra notre capacité à construire et non notre capacité à détruire !
Crier que nous sommes des petits-fils d’esclaves ne suffit pas !
Détester, singer ou vénérer la France, n’est pas une politique !
Croire que l’on peut construire sur des ruines est une erreur !
Seront nous capables de dire, nous aussi : YES WE CAN ! C’est cela la leçon, la grande leçon d’Obama !

Ernest Pépin
Lamentin le 21 janvier 2009


PS : Je ne suis pas un spécialiste et mes idées n’engagent que moi. Je ne les livre que pour lancer un débat que je crois nécessaire et salutaire.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu pourrais mettre davantage de photos et moins de texte ?
C'est mieux quand tu parles des palmiers et des anolis...

Anonyme a dit…

Quelques remarques:

- Ouh les méchants messieurs de l'UGTG sont des extrémistes parce qu'ils ne parlent que créole!

- Effectivement la Guadeloupe n'est plus une colonie alors la métropole n'existe pas!! :)

- le vulgum pecus (et non pas vulgus pecus!).
On devrait peut-être faire grève pour moins d'argent, moins de participation de l'état, plus de chômage, plus de taxes, yup yup! tiens demain ici, à Paris, c'est grève générale. Les mots d'ordre: dégraissons le mammouth une fois pour toute, privatisons tout le service public...

Bien sûr, nous ne pouvons que déplorer la situation actuelle. Comme tu (je me permets de te tutoyer)l'as dit, certaines des 123revendications (moi aussi j'ai du mal à le croire) relèvent de la pure démagogie: hausse du salaire minimum, délai supplémentaire accordé à l'UAG pour préparer la réforme des concours de l'enseignement, quant à celle des conducteurs "marrons", faut pas pousser.

Je pense que cette grève est révélatrice d'un certain malaise et souhaite qu'une solution soit trouvée au plus vite avant que cela ne dégénère.

Matt a dit…

Droit de réponse :

- Je n'ai pas dit qu'ils étaient méchants parce qu'ils parlent créole...mais ils excluent de fait 10% de la population. Je soutiens le développement du créole, je n'hésite pas à parler des variantes entre français et créole à mes élèves, je leur donne des textes avec des créolismes (Chamoiseau, Pépin...), épi kom ou pé vwè, an ka pawlé kréyol adan blog an mwen..

- d'après le petit Robert, le terme "métropole" s'applique certes pour un pays vis-à-vis de ses "colonies", mais aussi vis-à-vis de ses "territoires extérieurs". cf la Corse.

- l'expression "vulgum pecus" est un barbarisme : l'accusatif n'est absolument pas justifié puisque "vulgus" est un substantif neutre, tout comme "pecus", je me suis donc permis de la corriger en mettant un nominatif grammaticalement beaucoup plus correct.

Pour conclure, je le répète encore une fois, ce ne sont pas les revendications qui me posent problème (quelques unes seulement...), mais les méthodes extrémistes : des commerçants se font menacer s'ils ne ferment pas par solidarité, les stations-service réquisitionnées pour donner de l'essence aux véhicules prioritaires (pompiers, police, ambulances, infirmiers, médecins...) sont menacées si elles obéissent, les petits commerçants commencent à envisager de licencier à cause du manque à gagner, les touristes fuient le péyi, les agriculteurs jettent des tonnes de fruits et légumes invendus etc... C'est ça aider le pèp gwadloupéyen ? C'est ça le syndicalisme ? Je suis syndiqué depuis 3 ans, mon syndicat fait partie du collectif. Il soutient donc tacitement ces agissements et ces pratiques scandaleuses. Je ne compte pas renouveler mon adhésion...

J'espère juste que le peuple guadeloupéen ne souffrira pas plus de cette grève qu'il n'en profitera...

Et merci pour ton commentaire constructif et intéressant !

Anonyme a dit…

Malgré ma tendance plutôt droitiste à propos des questions économiques, je trouve que la grande majorité des revendications sont jusitifiées.

Par contre, ce que je trouve un peu radicale, c'est les elements violentes de ce mouvent (qui n'est, d'ailleurs, rapportés que dans les medias locales).

Par exemple, ces commerçants qui sont obligés de fermer au risque de représailles, les lieux publiques incendiés (comme la Maison de la Cityenneté de Petit-Canal - un vrai perte pour la communauté), les demandes de rançons des automobilistes aux barrages, rackets...

Certains mettent la responsabilité des éléments violentes à l'UGTG. J'ignore si le syndicat est responsable. Mais, M. Domota, au lieu de dissauder les gens de commetre les actes violentes, il dit que c'est normale.

J'avais vu sur plusieurs forums que ce mouvement a le soutien des autre syndicats en France...mais, je me demande si ils connaissent les moyens utilisées ici.

La fin ne justifie pas les moyens.

Je sais que les Français en générale, vous êtes assez combatatifs. Mais, je n'ai pas compris à quel niveau...

Anonyme a dit…

J'ai l'air fin, moi maintenant, avec mon commentaire...

Anonyme a dit…

Non, non moi aussi j'aime bien les anolis!

Droit de réponse au droit de réponse:

- Pour 10% de la population, c'est vrai que les méchants messieurs de l'UGTG devraient faire l'effort de parler français.
Mais ces 10% pourraient peut-être faire un ti effort de leur côté, ça ne tue pas.

- Moi aussi j'ai dégainé mon Petit Robert pensant m'être trompée pour le "vulgum pecus". Mais c'est écrit texto alors si le Petit Rob te dit que la métropole existe toujours, alors le Petit Rob a raison pour le "vulgum pecus" (tu es prof de lettres si j'ai bien compris donc je suis néanmoins disposée à te croire, brûlons le Petit Rob!)

Allez jeune padawan, j'arrête de t'embêter et te souhaite une bonne journée.

P.S: si jamais tu croises un méchant monsieur de l'UGTG, dis-lui bien que tu parles créole, hein!! au cas où!

Matt a dit…

Non, c'est cool d'avoir du répondant, et une confrontation d'arguments. C'est vrai que dans ce genre de débat et de situation sociale où les ressentis sont très forts, chaque mot peut être porteur de tout et son contraire. C'est la raison pour laquelle je n'avais pas écrit à ce propos dans mon blog dès le début de la crise.

Pour clore le débat sur "vulgum pecus";), c'est vrai que l'expression est reconnue officiellement, ne t'inquiète pas tu n'avais pas fait d'erreur. Mais c'est du latin de cuisine comme on dit (comme mon créole de cuisine). C'est juste que je faisais mon pédant...

ps : à l'UGTG, ils sont pas méchants, ils sont juste un peu énervants parfois... mais je sais qu'il oeuvrent pour améliorer la situation des plus pauvres...

Anonyme a dit…

Bon ouais, c'est sympa ce petit fight sémantique...
Mais la vraie question est : est-ce que Ronald Zubar fait aussi grève ? J'ai mon idée...